• Sentiment 26 - Gemma MalleyUn changement d'étiquette n'es ni triste, ni gai, c'est juste un fait, un fait que l'on provoque soi même.

    Dans ce roman de science fiction dystopique, Gemma Malley reprend le principe des étiquettes que l'on retrouve dans Le meilleur des Mondes, d'Aldous Huxley, un des classiques du genre, en modernisant l'idée grâce à une série de systèmes informatiques qui contrôlent la vie de chacun des citoyens de la Cité, rendant cette société futuriste plus réaliste. Et dans ce monde où chacun porte une étiquette, A pour Admirable, B pour Bienfaisant, C pour Convenable et D pour Déviant, plus personne ne connait le mal grâce à une lobotomie consistant en le retrait de l'amygdale cérébrale, considérée comme la source de tous les maux humains. Au milieu de ces humains transformés en machines vit Evie, fiancée à Lucas mais follement amoureuse du frère de celui-ci, Raffy, avec qui elle entretient une liaison secrète. Mais est ce que cela fait d'elle pour autant quelqu'un de mauvais ? Et que choisira t'elle de faire quand Raffy se verra contraint de fuir la Cité ?

    Ce livre aurait pu être bien. Très bien même. S'il n'était pas entièrement bourré de clichés de science fiction. Et quand ce ne sont pas des clichés, ce sont des éléments terriblement similaires à ceux présents dans l'autre trilogie de science fiction de Gemma Malley que j'avais lu au préalable. On se retrouve donc avec un triangle amoureux (Berk. Mais qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?), une folle histoire d'amour interdite (Ca se voit tant que ça que je ne suis pas une de ces lectrices qui poussent des soupirs énamourés devant l'histoire d'amour parfaite de deux personnages parfaits ?), des personnages plats, tous aussi bons et vertueux les uns que les autres sauf bien entendu le méchant de l'histoire (On se croirait au pays des Bisounours), de grandes réflexions philosophiques sur les relations de famille et tout particulièrement enfant/parents (pour toucher un maximum les adolescents probablement...), un personnage important qui se sacrifie mais attention pas un protagoniste quand même, ce serait trop triste, et un chef de la rébellion qui joue aussi le rôle de mentor pour les protagonistes.

    Rien de bon ne sortirait de cela, elle le savait. Le Système apprendrait ce qu'ils faisaient. Elle ignorait comment mais elle en était sûre, parce qu'il découvrait tout en fin de compte.

    Et je trouve ça tellement dommage et frustrant ! Parce que l'univers en soi est fascinant et que Gemma Malley a un très bon style d'écriture. Mais là, c'est vrai du livre tout public comme on en trouve des centaines d'autres, sans apporter quoi que ce soit de nouveau, malgré des fondations qui laissaient espérer beaucoup.

    "Tenez vos mains et sentez la chaleur de votre sang couler dans vos veines, maintenir votre corps en vie. Comme le Système, notre merveilleux Système, qui nous connait tous, nous permet d'être productifs, en paix, à notre place."

    Conclusion : Ca vaut un 2/5 selon moi mais qu'est ce que ça me fait mal de le dire... Un univers très intéressant et un style d'écriture carrément bon qui ne suffisent pas à masquer des personnages plats, une intrigue pauvre et tellement de stéréotypes de science fiction qu'on ne sait même plus quoi en faire. Et puis un livre dont le premier chapitre est une citation de Wikipédia... Décevant et terriblement frustrant. 


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  • La voleuse de livres - Markus ZusakVenez avec moi si ça vous tente. Je vais vous raconter une histoire. Je vais vous montrer quelque chose.

    Cette histoire est l'histoire de la voleuse de livres, et celle qui la raconte, c'est la Mort en personne. De toutes les personnes qu'elle a recueilli au dernier jour de leur vie, c'est l'histoire de Liesel Meminger qui a retenu son attention. L'histoire de cette petite fille allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale, placée dans une famille nourricière car sa mère ne peut plus l'élever. La vie de la voleuse de livres. Sa rencontre avec Rudy, le garçon aux cheveux couleur citron qui se prenait pour Jesse Owens, la fantastique bibliothèque de la femme du maire, les cheveux comme des plumes de Max, le boxeur juif, et les cours de lecture avec Papa, la nuit après ses cauchemars.

    Le style est déconcertant. Des livres racontés par la Mort, je n'en connais pas beaucoup. Je dirais même que je n'en connais pas d'autres. Les premières pages sont donc un peu surprenantes, avec leur teinte un peu glauque, et cette manie d'ajouter des notes au milieu du texte, comme ça, sans raison. Mais plus on avance, plus le style vous prend à la gorge et vous met des étoiles dans les yeux. Ca fait partie de ces livres qui sont vraiment bien écrits. Où je m'arrête par moment à la fin d'une phrase en me disant que ça n'aurait pas pu être mieux dit.

    Les rues étaient des veines ouvertes. Le sang ruissela jusqu'à sécher sur la route et les corps restèrent coincés là, comme du bois flotté après une inondation.

    L'histoire ensuite. Ce livre traite avant tout de la Seconde Guerre Mondiale mais couvre un certain nombre de thèmes, tous parfaitement imbriqués les uns dans les autres. Il y a la découverte de la lecture et du pouvoir des mots, que ce soit ceux lus par Liesel ou ceux prononcés par Hitler. Il y a la vie des Allemands pendant la guerre, avec les saluts nazis, les autodafés, et les Jeunesses Hitlériennes. Il y a la douleur du deuil, vue par Liesel, la femme du maire, ou Frau Holtzapfel. Le thème de l'antisémitisme avec Max, le juif caché au fond de la cave de chez Liesel. Et surtout il n'y a pas un thème qui supplante les autres. 

    J'ai détesté les mots et je les ai aimés, et j'espère en avoir fait bon usage.

    Les personnages. Vous ne pouvez pas savoir à quel point on peut s'attacher aux personnages de ce roman. Les Hubermanns, les nouveaux parents de Liesel, de grands âmes cachées derrière des apparences bourrues. Rudy, dans toute sa jeune naïveté. Même Frau Holtzapfel qui crache sur la porte des Hubermanns tous les matins. C'est d'ailleurs peut être un des seuls défauts que je peux trouver à ce roman. On n'arrive pas à détester un seul des personnages. Ceux qui devraient paraître détestables nous sont simplement indifférents. Et tous les autres ont, à un moment où à un autre dans l'histoire, une réaction qui nous les rend attachants. Même les jeunes qui persécutent la protagoniste ne me paraissent pas exécrables. Simplement victimes de la propagande, de la faim, de la pauvreté.

    Et enfin, il me fallait au moins un paragraphe entier pour parler du coup de génie de l'auteur. Celui qui fait d'un bon livre un livre excellent. Dans les 20 premières pages du livre, on vous annonce l'ensemble des grands événements tragiques du livre, ou presque. Et non seulement, on les annonce une fois mais ils reviennent à plusieurs reprises tout au long du roman. On se dit que ça fera moins mal quand ça arrivera, qu'on est préparé. Que nenni. Ca fait quatre fois plus mal, même. C'est même pas qu'on a essayé de se convaincre que ça n'arriverait pas. Pour moi, c'est même justement l'inverse. C'est tout le poids de la fatalité qui nous tombe dessus d'un coup. De se dire qu'ils n'auraient pas pu y échapper. Et pour moi, c'est du génie.

    Conclusion: Un très beau livre empreint de poésie, sur la guerre, l'amitié, le poids des mots, et celui de la Mort. Une lecture sur tout ce qui fait la vie d'un enfant pendant la guerre, sans chercher à tomber dans le mélodramatique. A lire un jour ou l'autre avant que la Mort ne vienne vous chercher.

    P.S: J'avais vu le film avant de lire le livre. Ce qui n'est pas gênant vu que la narratrice nous spoile la fin dès le début du livre de toute façon. Bien entendu, il manque quelques passages, on ne peut jamais tout mettre dans un film. Pour autant, on retrouve exactement la même atmosphère. Le thème du vol n'est peut être pas assez développé puisqu'il ne concerne que les livres alors que Liesel et Rudy volent aussi en majeure partie pour ne pas mourir de faim dans le livre. Cette idée que l'on connait la fin dès le début n'est pas présente non plus. Trop difficile à mettre en place dans un film sans doute. En règle générale, je vous le conseille tout de même. Avant ou après le livre, c'est vous qui voyez.


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