• "Tu ne vas quand même pas manger ça ?"

    Elle regarde mon assiette et je sens les démons

    Qui crient à la diète et rejettent le poison

    Leurs voix se mêlent à celle de l'ange devant moi.

     

    Ils rient quand je jette le poisson

    Autant qu'elle, correctrice des vices des hommes

    Pourtant le péché ne vient il pas de la pomme

    Plutôt que d'un morceau de thon ?

     

    Je ne veux pas penser à ce que je consomme,

    J'ai déjà tant de mal à avaler

    Je pense au miroir, à mon corps déformé,

    Et le nom de chaque plat m'assomme.

     

    Elle me rappelle les porcs éviscérés

     La chair sanguinolente et les tripes encore chaudes

    La douleur de l'animal qui me laisse penaude

    L'enfant arraché à la mamelle, et sa mort sans pitié.

     

    A chaque morceau je la sens qui rôde

    Dénonce ma déviance d'un regard dédaigneux

    La viande qui faisande dans mon ventre nauséeux

    Je ne mange plus même si la faim me taraude.

     

    Si c'est un morceau de fromage, c'est un carnage affreux,

    Si c'est une patte de poulet, c'est ma rate qui pourrit

    Avarie de mes entrailles qui aggrave ma maladie

    Ne mange pas de viande, qu'elle dit.


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  • Elle ne dansait pas pendant l'hiver.

    Elle gardait les yeux rivés sur le sol,

    Pour voir la neige imprégner la terre,

    Et voir l'eau encore glacée courir dans les rigoles.

     

    Craquement du verglas qui crisse sous ses pas,

    Une transe qui hurle avec la brise ses tracas.

     

    Une fois le printemps venu,

    Elle esquissait quelques pas de danse

    Sur les trottoirs, dans les avenues,

    Elle glissait avec aisance.

     

    L'odeur des fleurs embaume son cœur,

    Alors qu'enfin l'aigreur de l'hiver meurt.

     

    Mais seul l'été la faisait réellement sourire.

    Elle devenait étoile embrasée par le soleil.

    Une prima ballerina en devenir,

    La plus belle de toutes les merveilles.

     

    Une arabesque, elle s'envole presque,

    Un grand jeté, ses ailes déployées.

     

    Icare a chuté mais elle perdure,

    Sous le soleil elle n'est plus femme,

    Elle ne sent plus ses brûlures,

    Elle-même est devenue flamme.

     

    Si un jour d'été vous apparait une lumière mirage,

    Disparue avant même d'avoir eu le temps d'exister,

    Pensez à la fille qui dansa sur la plage,

    Et qui plut tellement au soleil, qu'en flamme elle fut changée.


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