Trigger Warning. Il s'agit d'un texte relativement violent, si vous avez le moindre doute, ne lisez pas. 

OoO

Non, je ne suis pas terrifiée, j'ai juste un peu peur. Non, je ne suis pas désespérée, juste un peu triste. Et ça reste, ça s'étire, ça s'installe, ça ne veut plus partir. On serre les dents dans la tempête, on laisse le vent nous arracher au monde, on laisse la pluie nous briser. On serre les dents. Ca ne peut pas être une vraie tempête si on est seul à la voir, n'est ce pas ? Non, ce n'est pas une tempête. A peine une petite brise pour que les autres soient si ignorants. On est trop fragile. On s'envole quand les autres gardent les pieds bien rivés sur Terre, les yeux fixés sur le sol. C'est à nous de nous reprendre, pas aux autres de reconnaître l'existence du vent. Il n'y a pas de vent. Il n'y a jamais eu de vent. Il n'y a que nos pas pour nous mener aveuglément vers l'oubli, quand on croit que le vent nous emmène droit vers un trou noir. Il n'y a pas de pluie. Il n'y a jamais eu de pluie. Il n'y a que nos larmes alors qu'on sent l'attaque de la moindre goutte d'eau qui devient lame de glace en atteignant nos corps brisés par les éléments. Il n'y a rien que nous et nous seuls. On se bat contre l'inexistant. C'est pire que de se battre contre le vent. Et quoi après ? On me dira que je ne me noie pas ? Qu'il n'y a pas d'eau dans mes poumons ? Pas d'ombre dans ma tête ? Pas de démon dictant mes actions ? Non. Non. Il n'y a rien. Rien que moi. Je ne me bats pas contre du vent. Ils diront que je ne me bats pas, un point c'est tout. Non, je ne suis pas terrifiée. Il n'y a rien d'inquiétant autour de moi. Non, je ne suis pas désespérée, le futur est brillant. 

Ferme les yeux sur les ombres qui menacent de te tuer, jour après jour. Ne parle pas de la petite voix dans ton crâne qui te pousse plus près du trou noir chaque seconde qui passe. Ils n'existent pas. Rien de tout cela n'existe. Tu dois arrêter d'écouter, c'est aussi simple que ça. Comment ça tu ne peux pas ? Comment ça, la tornade t'emporte ? Comment ça, la pluie te fait mal ? Comment ça tu te noies, tu ne peux plus respirer ? Tu ne comprends pas. Ca n'existe pas. Tais toi, tu fais peur. Arrête d'inventer des choses pour justifier ta vie misérable. Et puis un message de tes confrères dans l'ombre. "Remets ton masque, ils ne t'aideront pas." Mais s'il n'y a pas de tempête, pas d'océan, et pas de démon, pourquoi les cicatrices sur tes bras et tes jambes, pourquoi les larmes dans tes yeux et pourquoi la torpeur dans tes mouvements ? Tu ne peux pas répondre, il n'y a pas de réponse. Tu te bats, tu te débats. On se débat tous. Et puis la torpeur te reprend. Tu ne te bats plus. On joue avec le trou noir, on le laisse capter toute la lumière du monde autour de nous. On laisse la lame courir sur la peau pâle, le feu brûler la chair, on ferme les yeux et on se retourne pour ne pas avoir à supporter un nouveau jour. On ne cherche plus à se débattre. Il n'y a pas d'océan mais on a arrêté de respirer. Il n'y a pas de démon mais on a déjà signé le pacte avec le diable, on lui a cédé tout ce qu'on avait, corps et pensée. Il n'y a pas de tempête mais le vent couvre nos hurlements. Alors qu'importe qu'on ne résiste plus, et que finalement, on laisse les éléments nous propulser dans le trou noir, disparaître dans l'oubli, s'effacer parmi les ombres. De toute façon, on ne peut pas se battre contre ce qui n'est pas.