• Rêve et apocalypse : Le mortel songe

    Un texte premièrement écrit pour un concours d'écriture avec quelques amis sur le thème du rêve

    Elle ferme les yeux, tente d'oublier. Mais rien n'y fait. A terre, les mains crispées sur le sol, les ongles plantés dans la terre humide, elle ne peut que pleurer. Les grosses larmes tombent de ses yeux, coulent le long de son visage délicat avant de venir s'écraser à terre. Et pourtant, elle sait que cela ne sert à rien. Alors elle se relève, et marche. Malgré le vent, malgré la pluie, malgré la brume, elle marche. Les yeux plissés pour ne pas voir le triste spectacle qui s'offre devant elle, elle marche. Elle sait que de toute façon les larmes brouilleront sa vision et qu'elle ne verra rien, mais, comme symboliquement, elle n'ose pas ouvrir les yeux. Et elle marche. Apocalypse, destruction. Puis finalement tout se calme. Le silence retombe, sombre et froid. Lentement, elle risque un oeil vers l'extérieur, vers la désolation. Le monde qu'elle découvre par bribes à travers ses yeux entrouverts, et qui s'offre à elle, droit, morne, ne fait que confirmer ses pires craintes, ses horribles frayeurs.

    Une sombre brume l'empêche de voir le paysage, mais elle peut le deviner. Tout n'est que landes, vide. De noires pierres tombales s'élèvent entre les arbres morts, aux branches dénudées et aux formes biscornues, mêlant leurs ombres gigantesques, terrifiantes, désarticulées. Le ciel n'a rien à envier au paysage terrestre, noir sans qu'il ne fasse nuit. A moins que la nuit ne soit éternelle dans cet étrange monde. Et pourtant le soleil atteste du contraire, aussi rouge que le sang, donnant à l'endroit son atmosphère si étrange.

    Cet endroit, justement ? Elle le connait, pour y être déjà venu tant de fois, et elle sait ce qui va lui arriver, frissonne déjà à cette idée. Alors elle se résigne, tombe à nouveau sur le sol sous le poids de la fatigue et de la peur, courbant l'échine, alors que le vent recommence à siffler, à hurler, emplissant ses oreilles de cet horrible son qui lui perce les tympans. Et elle reste ainsi, prostrée, les mains plaquées sur les oreilles, aux lèvres un hurlement de douleur autant que de terreur qui n'ose percer, de peur de s'ajouter à la cacophonie ambiante des hurlements. A ceux du vent s'ajoutent alors ceux d'hommes et de femmes, et, selon le déchirement qui caractérisent ces cris, ce ne pouvait être que les témoignages de la pire douleur qu'elle entendait là.

    Mais avant même qu'elle ne se rende compte de la nature de ces hurlements, avant qu'un nouveau soupçon d'horreur ne vienne s'ajouter à son visage défait, déjà le monde autour d'elle se disloquait, esprit détruit tombant dans les limbes, les abîmes.

     

    Des pans entiers de terre tombent dans la lave en bas, qui dégage des nuées de vapeur brûlante, rougeoyante, triste et macabre rappel de la sanglante étoile, immobile dans ce ciel d'encre, contemplant la lave furieuse, destructrice, filant dans les rigoles, avalant dans sa fournaise la terre qui y tombe à grand fracas dans des volutes de fumée. Elle reste ainsi, recroquevillée sur elle même, tremblante de peur et de douleur, mais résignée. Le monticule de terre qui l'abrite de la lave semble dangereusement tanguer, rongé à la racine par le monstre de flammes. Alors, elle sait qu'elle va tomber, chuter vers sa mort qui l'attend en bas, ces bras de flammes prêts à se refermer sur elle. Et, alors que cède enfin son piédestal, précipitant sa fin, elle ferme les yeux, tentant d'oublier, espérant se réveiller.


  • Commentaires

    1
    Kyam
    Lundi 17 Juin 2013 à 11:59

    C'est beau...

    2
    Udelire Profil de Udelire
    Lundi 17 Juin 2013 à 14:31

    Merci ! Habituellement, on me dit plutôt que c'est estrêmement étrange et que je suis une fille bizarre et fataliste, donc je prends ce compliment encore mieux que tu ne pourrais l'imaginer ! (Cette phrase n'a pas de sens c'est horrible !)

    3
    Hellshinou Profil de Hellshinou
    Lundi 24 Juin 2013 à 15:37

    C'est..... je peux créer un mot ? Non parce que là je trouve pas de mot pour décrire ça. J'ai remarqué cependant quelque chose.

    Alors elle se relève, et marche.


    Après alors, il ne devrait pas y avoir une virgule par hasard ? Et je sais pas toi, mais moi, je pense que c'est plus facile de lire "Elle se relève alors et marche".

     

    4
    Udelire Profil de Udelire
    Lundi 24 Juin 2013 à 16:58

    Non pas de virgule... Je préfère comme ça ;) Mais merci quand même !

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    5
    Hellshinou Profil de Hellshinou
    Lundi 24 Juin 2013 à 17:15

    De rien.

    6
    Vendredi 30 Août 2013 à 19:17

    Très bien écrit. Juste quelques soucis de concordance des temps sur la fin...

    7
    Vendredi 30 Août 2013 à 19:19

    Oups ! :/

    8
    Mercredi 23 Octobre 2013 à 17:02

    Rêves ou réalité ?

    Poignant... J'aime beaucoup....

    9
    Samedi 26 Octobre 2013 à 18:24

    Merci beaucoup !

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