• L'Escalier - Partie 2

    Ceci est un texte écrit en collaboration avec un ami et qui me tient donc beaucoup à coeur. Tout comme la création de ce texte, sa publication se fera en quatre parties, une fois par mois (je pense, mais tout le monde me connait, je vais encore avoir la flemme et oublier de poster...). En tout cas, sachez que la partie en prose est de moi alors que la partie rimée est de mon ami. Bonne lecture !

    La vieille femme entre, borgne, effrayante, lèvres tressées

    Dans cette insouciante routine, elle oublia d'enfermer

    La princesse, charmée par la porte libre, le cœur pressé,

    Un courant d'air sombre salit son âme et laisse germer

    Des racines, noires, bavardes, murmurant que l'inconnu est doux

    Courageuse est la couleur de son esprit, la peur se fane

    Elle avance, et descend dans les ténèbres couleur gadoue

    Et laisse fleurir le désir dans la clarté de son crâne.

     

                Cette nuit là, elle n'arrivait pas à dormir. Elle vit passer les heures sur la vieille horloge au mur, bercée par le tic tac de la grande aiguille. Elle aperçut Hélios reprenant sa course dans le ciel, le teintant de nuances violettes, déployant toutes les nuances de l'azur jusqu'à ce que le ciel reprenne son bleu habituel. Elle entendit alors approcher la femme claudicante, cacha son visage sous les couvertures, un seul œil curieux à la fente des rideaux du lit. Enfin elle aperçut, un instant seulement, la matrone entrant par la trappe, le lourd loquet retombant derrière elle.

                Dans la lumière pâle de l'aurore, le visage parcheminé de rides de la vieille femme, les lèvres disparaissant sous les plis de la peau fripée, la lumière dansant dans les recoins livides de sa peau pâle. Surtout au milieu de ce labyrinthe qu'était son visage, les yeux, deux trous sombres sans fin, qui avaient emprunté à l'Escalier toute sa sinistre obscurité. D'un côté un iris noir, œil de chafouin, de l'autre la cavité béante de la femme borgne, trou noir au milieu de la constellation des tâches de vieillesse. La princesse ouvrit un peu plus les yeux, passant le nez entre les rideaux lourds de pourpre et se dessinèrent les traits noirs du fil qui liait ses lèvres dans une grimace douloureuse, tendant la peau fragile qui manquait de se fissurer à chaque instant. Image de vers noirs entrelaçant sa bouche et déjà, la vieille avait disparu dans les ténèbres de l'Escalier.

                Silence. La princesse sortie de ses draps. Silence. Elle se précipita vers le petit trou dans le sol pour voir disparaitre la vieille. Silence. Le loquet n'était pas retombé. Silence. Jamais la quiétude étouffante ne lui avait paru aussi jouissive. Silence ! Silence ! Elle souleva doucement le panneau de bois pour éviter que la vieille ne l'entende. La profonde obscurité de l'Escalier emplit et charma ses yeux trop clairs, enroba sa peau qui n'avait jamais connu le soleil. La noirceur était tangible et elle pouvait entendre les sombres murmures au milieu du silence. "Viens avec nous, rejoins nous. Le silence ne sera plus jamais le même. Tu n'auras plus peur du noir. Viens." Silence. Le premier pas dans l'obscurité, sur la première marche de l'Escalier.


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