Me demandez pas. Je ne connais ni le comment, ni le pourquoi. Je voulais écrire sur le milieu aquatique d'une manière ou d'une autre -d'où le mauvais titre- et cette chose m'est venue à l'esprit. S'est retrouvée sur le papier.

Dans ma tête, si ça devait être illustré, le rendu est assez morbide et pourtant dégage cette foutue impression de sérénité. De calme à peine troublé. Me demandez pas je vous dis, je ne sais pas.

Bonne lecture quand même, hein !

OoO

L'eau calme, tranquille, reflétait, disque de lumière, le soleil brûlant du mois d'août. Partout, la chaleur moite et étouffante de l'été et pas une brise d'air frais pour atténuer cette sensation permanente de lourdeur. C'était un lac comme il y en a partout, un peu à l'écart du monde civilisé, isolé au milieu d'un petit bout de forêt.

Et une barque glissait lentement sur l'onde étincelante, laissant dans son sillage les remous de l'eau lui former une traîne. Peu à peu, l'embarcation s'immobilisa juste sous une falaise, entre deux pics rocheux qui ressortaient un peu de l'eau, comme quelques dents acérés prêtes à lacérer le moindre effronté qui oserait s'aventurer dans ces lieux. La falaise projetait une ombre inquiétante sur l'eau sans pour autant apporter la moindre sensation de fraîcheur.

L'homme dans l'embarcation se redressa lentement, étouffant un soupir en entendant son cou craquer d'être resté trop longtemps courbé sou les assauts du soleil, étirant ses membres fourbus. La barque tangua quelque peu avant de se stabiliser à nouveau alors que l'homme se penchait un peu au dessus de l'eau. Un peu trop. Et sa voix s'éleva. Ce n'était qu'un murmure, un sifflement qui se perdait dans l'atmosphère moite. Et puis il y avait cette intonation distante dans sa voix, comme s'il n'était pas vraiment là.

"Coucou, ma chérie. Tu as vu, je suis revenu. Je te l'avais promis, tu sais. Je t'avais dit que je reviendrais toujours. Regarde chérie, je suis là."

Sa voix s'était faite un peu plus forte, résonnant, rauque et hésitante. Un peu tremblante. Il s'avança encore un peu vers le bord de la barque qui tanguait désormais dangereusement, penchant son visage vers l'eau qui fidèlement, lui renvoyait son image. L'image d'un homme harassé, vieux avant l'heure, le regard terriblement vide et pourtant habité par ce désespoir caractéristique de ceux qui avaient perdu des êtres chers.

"Tu me manquais. Tu m'as toujours manqué en fait. Tu me manques, chérie. Alors je suis revenu. Pour toi, rien que pour toi."

Au fond de l'eau, les algues ondulaient lentement, lascives. On les entrapercevait à peine, dans les profondeurs obscures. L'homme parlait toujours, ses yeux courant le long de ces plantes aquatiques à la recherche de quelque chose qu'il ne retrouvait pas. Trop sombre. Derrière la barrière que représentait la surface de l'eau, tout semblait calme, presque figé. Parfaitement serein.

"Je suis revenu, ma chérie. Et je ne repartirais plus jamais, c'est promis."

L'eau se referma au dessus de lui, tandis que la barque s'immobilisait lentement avant de partir à la dérive, abandonnée. Les algues se refermèrent sur leur nouvelle proie, l'emprisonnant dans les profondeurs de l'eau, tandis qu'une main encore chaude se refermait sur une autre, plus fine, décharnée et bleuie par le temps, dans un dernier raidissement. Et puis plus rien.

Au fond de l'eau, les algues ondulent lentement, lascives, pour mieux cacher les dernières retrouvailles d'un couple trop longtemps séparé.